mercredi 8 octobre 2008

38. Achtunddreißig

Hanovre a beau être la plus grande ville de la Basse-Saxe, elle reste tout de même une petite ville avec un peu plus de 515 000 habitants. Les employés à la poste sont donc les mêmes, comme ceux du super marché, ou du café, ou de la boulangerie et ont tous le même horaire depuis la nuit des temps (genre...)

Ce qui fait que depuis mon arrivée ici, j'ai pu rencontré et sympathisé avec plusieurs employés des endroits où j'ai l'habitude d'aller. Y'a donc cette femme, à la poste, que je saluais toujours et à qui je demandais comment ça allait... mais mon "Wie geht's?" restait sans réponse.

"Wie geht's?" Peut-être que c'est juste trop familier. Elle reste une petite madame toujours bien coiffée avec les lèvres pincées... ça doit la froissée! Pourtant, elle continuait toujours à me parler, à me demander comment allait mon allemand, à me demander de lui dire lorsque j'enverrais des trucs à ma mère, pour mettre un joli timbre... Alors pourquoi ce snobisme du "what's up?" allemand?!

Mais en cherchant dans ma tête, le "Wie geht's?" restait la seule question possible à poser pour "Ça va?"... j'ai donc continué à demander à l'employer du café où je vais "Wie geht's?" mais lui non plus, jamais de réponse. J'ai mis ça plusieurs fois sur la sourdité, le bruit environnant, la concentration, mais parfois, je trouvais que ça exagérait. Mais il restait quand même très sympathique avec moi et Lara.

Puis y'avait aussi les employés du marché, tous très gentils et attentionnés qui me regardaient avec des gros sourires quand je leur demandais "Wie geht's?" Un gros sourire, c'est déjà mieux, mais jamais de réponse...

J'aurais probablement continué à demander "Wie geht's?" à tous les allemands que je rencontre fréquemment au marché, à la poste ou ailleurs, mais il est arrivé que hier, alors que j'allais acheté des bananes avec mon amie, j'ai finalement pu avoir une explication à ce comportement un peu étrange.

Nous étions donc deux filles avec nos carrosses pour bébé, et nous parlions et riions beaucoup. Je ne portais pas beaucoup attention à ce que je faisais et donc, je passe à la caisse avec mes bananes sans les avoir peser (ici, c'est pas des machines automatiques qui pèsent le poids.. faut le faire nous même...!) Évidemment, c'est à ce moment que le rush de caisse arrive et JE suis la raison du pourquoi y'a une file... légèrement embarrassant!

Mais après avoir peser mes bananes, je reviens à la caisse et demande au garçon, super gentil, "Wie geht's?!" Celui-ci me regarde avec un étonnement aussi gros que si j'aurais éclaté devant lui. À côté de moi, mon amie est littéralement morte de rire.

"Wie geht's?" C'est pas la fin du monde pour prononcer. "Vi gète-s", point final. J'ai peut-être un accent, mais de la à faire éclater de rire la file de la caisse au complet... quand même...!

Je demande des explications, mais mon amie me pousse à l'extérieure pour m'expliquer la situation en anglais:
- Haha! En Allemagne, on demande pas aux gens "Wie geht's?!" C'est impersonnel! Si tu veux rendre les Allemands mal à l'aise, c'est la meilleure façon de faire!

Hé ben! Impersonnel et superficiel, m'a par la suite dit ma mère d'accueil! Des débats télévisés se font même sur la question! Superficialité ou façon d'introduire le sujet? Impersonnel ou au contraire, façon de reconnaître l'humain derrière l'employé?

Il faut avoué que nos réponses à nos "Ça va?" ne sont parfois pas toujours des plus sincères et affirmé à un client qu'on a le moral à terre ou parlé de ses problèmes à un employé n'est pas une chose des plus communes et agréables. La politesse, l'éthique et/ou le savoir-vivre préfèrerait qu'on mente plutôt que de mentionner le vrai état de notre moral ou alors, d'en dire un peu, sur un ton de légèreté, en utilisant l'humour, par exemple.

Par contre, malgré le "je-m'en-foutisme" de la réponse, il reste qu'il est toujours agréable de se faire demander comment ça va. C'est une façon de dire qu'on est ouvert à la discussion, aussi superficielle qu'elle peut être, qu'on est capable d'échanger un peu, de façon sympathique, un instant, juste pour rendre le moment plus agréable, plus humain, moins automate.

Il faut remarqué que malgré que le "Wie geht's?"/ "Comment ça va?" ne s'applique pas ici, je ne me suis jamais sentie mélancolique de cette question et que j'ai toujours été capable de discuter avec ces gens que je rencontre une fois de temps en temps, au marché, au café ou à la poste!

Une vision des choses différentes, qui encore, fait réfléchir sur notre comportement si ancré dans notre quotidien qu'on en oublie les détails!

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