mardi 5 août 2008

19. Neunzehn

Tout à l'heure, en mangeant, je me suis pris d'envie d'écouter L'Auberge espagnole (mon film par excellence!) et après quinze minutes d'écoute, un passage m'a marqué:

"Quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective, des suites de bâtiments vides de sens, tout est inconnu, vierge.

Voilà plus tard, on aura habité cette ville, on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue, on l’aura pris dix, vingt, mille fois… dix, vingt, mille fois…

Noms de métro…

Au bout d’un moment, tout ca vous appartient, parce qu’on y a vécu, c’est ce qui allait m’arriver. Et je ne le savais pas encore.

Nom de métro.

Ce truc qui sonnait vaguement sourd s’ajoutait à la longue suite de noms, autrefois bizarre, qu’on traine quelque part dans un coin du cerveau. X c’est doucement glissé à côté de Y et de Z, puis A, B, C….. C’est devenu normal et familier.

Après, bien après, quand on est revenu à Paris, toute galère est devenu aventure extraordinaire. Y’a toujours ce truc idiot ou les jours les pires d’un voyage, les expériences les plus ratées sont celles qu’on raconte le plus aux autres."

Ce passage, avant d'arriver en Allemagne, avait monté au maximum mon niveau d'excitation à l'idée de partir habiter ailleurs. Aujourd'hui, je le vis et bien que ce soit toujours très excitant de se retrouver dans un endroit à "apprivoiser", la joie est ailleurs.

On la retrouve principalement dans le sentiment de familiarité, qui arrive tranquillement, sans vraiment qu'on s'en rende compte. On suit d'abord scrupulement la carte, les indications de directions, on attaque presque les passants lorsqu'un nom de rue n'apparaît pas sur notre bout de papier, convaincu d'être rendu à 25 kilomètres de l'endroit désiré...

Puis tranquillement pas vite, on fait des folies; on ferme la carte et on se perd, une ou deux rues à l'Ouest -pour commencer!- et l'impression de marcher les yeux fermés dans notre propre maison, sans se cogner, nous vient à l'esprit; les yeux grands ouverts, on ne se perd pas et on admire, avec plus d'assurance qu'il y a quelques jours.

Et les noms de métros ou de rues, imprononçables se transforment de Qoque à Kopke à Kröpke... et deviennent ensuite des lieux de rencontre où on sait, avec assurance, encore une fois, qu'on passera du bon temps.

Puis quand on décide d'abandonner à la maison la carte et le dictionnaire (ça fait lourd dans la sacoche et touriste au max..!), alors, la ville n'apparaît plus comme un monstre près à nous gober dans une rue sombre et inappropriée et alors, le sentiment d'être ici, en ville, comme un nouveau chez soi, nous rempli...

1 commentaire:

Maude, 21 ans. a dit…

Je te l'avais dis... Ce passage m'a aussi marqué dans ce film. Continue comme ça, et tu verras que le sentiment de familiarité qui t'habite se transformera tranquillement en un sentiment de "chez-soi". Assez bizarre comme sentiment, parce qu'à partir de ce moment, tu auras deux chez-toi: En Allemagne, et au Quebec. Et c'est ce qui fait que tu dois aller au bout de ton voyage. Ça en vaut la peine, crois-moi!