lundi 3 novembre 2008

40. Vierzig

De retour à Montréal après une semaine de chamboulage des plus extraordinaires (!!!), je me dois de revenir sur mon séjour de trois mois en Allemagne pour y faire le point.

Je dois admettre être un peu déçue d'avoir quitter l'Europe de façon si drastique, mais la force des choses ont fait en sorte que le choix ne s'est pas vraiment imposé à moi et que j'aie du plutôt suivre les humeurs de mon corps (extrêmement fatigué de tout ce barrouettage) et de mon porte-feuille maigre du salaire d'Aupair versé mensuellement!

Les trois seuls et grands regrets que j'éprouve vraiment en quittant l'Allemagne, sont ceux d'avoir quitter le pays sans avoir pu visiter Berlin, sans avoir eu la chance de participer à des cours d'allemands, qui auraient fortifiés ma connaissance de la langue et également d'avoir quitter des amis avec qui j'ai partagé des moments magnifiques dans un contexte spécial.

Cependant, je reviens à Montréal avec un bagage lourd d'expériences (de linges aussi...... mais ça, c'est une autre histoire...!) Vivre dans une famille et passer une majeure partie de mes journées avec un enfant d'un an et demi m'a permis de reconsidérer plusieurs aspects de la vie familiale et de l'éducation. Je jette maintenant sur les Mamans des regards différents et empreints de respect.

Être Aupair m'a aussi permise de comprendre la vraie signification du mot immigrant et de toute la chance qu'on a de pouvoir habiter dans un pays qui est le nôtre. Les difficultés auxquelles j'ai pu me heurter (la langue, les moeurs, la politesse) m'ont fait réaliser avec quelle aisance je peux me mouvoir à Montréal, dans mon pays, dans ma ville à moi alors qu'à l'étranger, les chaînes du doute nous lie et finissent parfois par nous étouffer et nous condamner à des journées de désenchantement total de l'étranger, qui, pourtant, la veille, nous fascinait.

J'ai pu ressentir à quelques reprises la haine que certaines personnes peuvent manifester pour les "étrangers", me sentir restreinte, encore une fois, par mon statut d'immigrante et me sentir brimer dans les droits sans comprendre la réelle différence entre l'Allemand et le Canadien et reconsidérer tous ces mots qui regroupent, parfois injustement, les gens dans des minorités qui, peut-être involontairement, les sous-qualifient d'humains d'une certaine manière.

D'un autre côté aussi, j'ai pu ressentir une certaine fierté et chaleur lorsque les gens, tous excités d'apprendre que j'étais Canadienne, me demandaient: "Comment c'est, le Canada?!" Être le médium entre deux mondes, parler des choses qui nous semblent ordinaires mais comprendre dans les yeux des gens de là-bas que le Canada, c'est aussi l'Amérique et que l'Amérique, c'est tout un autre monde, tout un rêve, presque inaccessible. D'une certaine façon, être un pont pour ces gens qui rêvent de l'étranger et se sentir très appréciée d'être ailleurs. Être presque heureuse d'avoir cet accent si fort, si "exotique", qui, aux yeux (ou plutôt oreilles!) de certaines personnes, rend si charmant!

Mais je comprends aussi que de choisir d'aller vivre à l'étranger, que ce soit en France ou en Chine, est aussi dur l'un que l'autre. La terre d'accueil, peu importe la largeur des bras avec laquelle elle nous dit: "Bienvenue", nous reçoit avec cette chère "taxe de bienvenue" qu'est la différence de culture. Et elle est d'autant plus grosse et imposante lorsqu'on a l'audace de croire que le pays d'accueil est similaire au nôtre, car on en revient toujours surpris -peut-être même plus qu'il ne le faut!- de se heurter à des choses simples qu'on croyait pareil mais qui sont pourtant totalement différentes.

Mais ce que j'ai appris aussi, et c'est bien là tout le côté tragique des voyages, c'est ces barrières humaines qui viennent s'imposer de tous les côtés: ces nouvelles connaissances à qui on doit obligatoirement dire un Adieu prématuré et ces gens de l'autre côté, qu'on connaît mais qui ne nous reconnaît plus à notre retour et malgré tous les moyens technologiques mis à notre disposition, il reste toujours un choix à faire lorsqu'on part pour plus d'un mois à l'étranger... il faut choisir de se concentrer sur le nouveau, accessible maintenant ou miser sur l'ancien, qui vit loin, et se débrouille sans nous.

Ça ne me plaît pas de finir sur une mauvaise note, car mon expérience d'Aupair aura tout de même été extraordinaire. Tous ces gens rencontrés, ces Allemands, ces Américains, ces Australiens et Suédois, ces Français et ces Anglais auront contribués à un changement considérable dans ma perception du monde et je n'ai que trop hâte de repartir en voyage pour rencontrer tous ces autres voyageurs du monde et vivre ces expériences uniques, de quelques jours, où le temps nous presse de sauter des étapes superficiels à toutes rencontres nouvelles normalement vécues. On brûle le rappel fixé à quelques jours et on se voit le soir même. On oublie l'inhibition des premières rencontres et on parle comme si on se connaissait depuis toujours. On presse le temps d'aller moins vite pour savourer plus longtemps ces moments étranges où une Américaine, une Suédoise, deux Anglais, une Australienne et une Canadienne française se retrouvent autour d'une table, dans un pub Irlandais en Allemagne pour parler un anglais toujours différent de ses voisins.

Ces moments sont magiques, car le monde semble soudain pourvoir tenir que dans la paume d'une main, car les différences et les conflits mondiaux semblent si simples à règler, car les différences de couleurs, d'accents, de religions sont ramenés à la même superficialité que celle de la couleur des cheveux et des yeux, de la grandeur et du poids d'une personne et vraiment, dans ce pub Irlandais à Hanovre, où un parle un anglais parfois boiteux, on se tient tous par la main, comme une banderole d'enfant et on fait le tour d'un monde sans billet d'avion et sans valise...!

Et sur ce, je vous souhaite un jour d'aller vivre ce genre d'expérience dans une ville inconnue avec des étrangers de partout du monde, que vous ne connaissez pas et de parler, comme si depuis toujours, vous vous connaissez. Je vous souhaite bon voyage, et...

...au prochain blogue!

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